Fin de semaine africaine
Il y a tant de spectacles, concerts, films et autres activités gratuites à Montréal ces temps-ci - dur! dur! de choisir... ça me permet au moins de me consoler de tous ces fabuleux et chers concerts que je ne peux m'offrir, prêts étudiants et billet vers la NZ obligent.
Ce soir se concluaient en même temps la partie publique du Festival Juste Pour Rire - une autre de ces fabuleuses entreprises qui bloquent la circulation automobile au centre-ville pendant des jours entiers, à ma grande satisfaction de cycliste - et le Festival Nuits d'Afrique. Je suis allée me promener quelques fois au premier, en fin de journée. Sans malheureusement voir aucun des spectacles de rue, j'ai trouvé que la "rue des jeux de société", des échecs aux poches (no pun intended) en passant par les concours de génie-en-herbe pour passants, était une excellente idée. J'aurais bien voulu un des nombreux bouquets de ballons bleus à l'hélium que j'ai vus un peu partout sur le site, mais je crois que ça avait quelque chose à voir avec la parade des jumeaux de samedi.
J'avais rendez-vous samedi après-midi avec une amie pour un concert en plein-air à Nuits d'Afrique. De la musique du Maghreb avec entre autres Syncop, un groupe algéro-québécois(-et-autres) de Montréal qui était sur la trame sonore de mon été 2004. Une pluie insistante tout l'après-midi, qui ne m'a pas empêchée de danser sous le parapluie que S. et moi tenions à tour de rôle - impossible de résister à l'appel de la darbouka! On s'est également promenée dans le 'marché africain' installé à la Place Émilie-Gamelin, où le manque d'originalité des bijoux et objets offerts était un peu décevant. Mais mon porte-feuille ne s'en porte que mieux...
Et même si je sais que c'est villain de se moquer de ses contemporains, je dois dire qu'on en a vu de toutes les couleurs (litérallement!). J'ai vraiment regretté ma raisonnabilité en ce qui a trait à une caméra numérique, encore une fois. Il y avait la petite dame d'une soixantaine d'années, habillée en boubou africain vert pomme et portant une couronne de fausse-fougère dans les cheveux, dansant sans ses gougounes jaunes mais sous son parapluie Hello Kitty rose. Il y avait la grande dame d'une soixantaine d'années portant fièrement sa jupe hawaïenne en paille de plastique verte (est-ce que la mode des faux végétaux fait son apparition?), mais que je ne pourrait décrire plus en détails - jimagine que toute mon attention est allée à la jupe. Et pour finir le tout en fou-rire, il y a eu le beau jeune homme dans la vingtaine qui s'est mis à se déhancher un peu sous la pluie avant de déposer son sac-à-dos et son parapluie, enlever sons gilet noir pour révéler un t-shirt rose bonbon, et se mettre à danser. Mais danser!!! Il aurait couvert moins de terrain s'il avait eu un premier rôle dans un musical sur Broadway! Il donnait un show, et quel show... de quoi faire oublier la pluie.
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À VOIR ABSOLUMENT: je me suis tout de même ventuellement lassée de toute cette eau, mais en passant par le vidéoself sur le chemin du retour j'ai opté pour une variation sur un même thème et loué Tsotsi, le film sud-africain gagnant de l'Oscar du meilleur film étranger au printemps dernier. C'est un film BEAU, TOUCHANT, SOMBRE et EXTRAORDINAIRE du début à la fin. J'avais beaucoup aimé le discours de remerciement du réalisateur à la cérémonie des Oscars: il avait demandé aux deux acteurs principaux de se lever afin de les remercier, et avait fait une déclaration des plus émotionnelles en dialecte africain (j'ignore si c'était du Zulu ou de l'Afrikaans ou un mélange de tout) se terminant par "Viva Afrika! Viva!". Après avoir vu le film - et le "making of" - je crois que je comprends pourquoi.
Pour faire court, l'histoire est celle de Tsotsi, un jeune gangster vivant dans un des townships de Johannesburg, sans une once de morale, d'éthique ou de respect pour la vie humaine. Il fait peur. Un soir il vole une voiture dans un quartier aisé de la ville - un carjacking - et le bébé de trois mois de la femme à qui il l'a volée, bien attaché dans son siège à l'arrière. Plutôt que d'abandonner l'enfant à son sort sur le bord de la route, il décide de le ramener chez-lui, en secret. Au cours des quelques jours suivants, il s'occupe de plus en plus du bébé et retrouve de plus en plus son humanité. Il s'agit d'un de ces films extraordinaires qui nous font oublier qu'on est en train d'écouter un film. Et malgré la violence, à travers le peu de mots, on perçoit l'espoir et une certaine rédemption. Deux jours plus tard, je suis encore hypnotisée par le talent de l'acteur principal, Presley Chweneyagae - tout change dans ses yeux, d'un instant à l'autre il est un tueur sans âme, puis un être humain abandonné, mais qui aperçoit une lueur d'espoir. C'est une tranformation difficile à expliquer - louez le film, et vous me direz si j'arrive à bien l'exprimer! - qui est la transposition à l'écran de ce qui est dans le livre un dialogue intérieur. J'ai eu l'impression en écoutant les commentaires du réalisateur et des acteurs que l'histoire - le roman - est dans un style semblable à celui de Once Were Warriors, et que l'adaptation cinématographique a été mieux réussie.
J'ai trouvé la musique du film sur iTunes, et je l'ai déjà écoutée trois fois de suite, en boucle - fort probablement une partie importante de la trame sonore de mon été 2006!